Le bois énergie en Île-de-France ©exclusive-design/stock.adobe.com
Le bois-énergie et la qualité de l’air
La combustion du bois, comme toute combustion, génère des polluants atmosphériques, notamment des particules fines et des HAP*. Ces particules présentent un risque sanitaire important. En Île-de-France, les appareils anciens et utilisés comme chauffage d’agrément contribuent aux 2/3 de ces émissions. C'est pourquoi il est impératif que les ménages franciliens qui se chauffent au bois s'équipent de matériels récents et performants, répondant aux normes sanitaires les plus exigeantes, tout en recherchant du bois sec et de qualité.
Le chauffage au bois domestique et les particules fines
Un francilien sur six utilise du bois de chauffage. Parmi ces derniers, la moitié utilise le chauffage au bois pour un usage d'agrément, avec des appareils peu performants, chauffant mal et polluant beaucoup.*
Une distinction importante est à faire quant au chauffage domestique des particuliers : l’utilisation du bois pour des occasions conviviales (agrément), et celle comme moyen principal de chauffage : la première utilisation est la plus polluante, car elle est souvent faite avec des appareils à foyer ouvert, pour des flambées de longue durée et avec un bois de qualité variable. La seconde peut être tout à fait compatible avec un respect des normes de qualité de l’air, lorsqu’elle est faite avec un appareil récent, à bon rendement, pour des flambées vives et avec un bois de bonne qualité (sec et sans écorce).
Les appareils anciens, souvent utilisé pour le loisir, sont à l’origine de 2/3 des émissions de particules fines en Île-de-France. Pour limiter l'impact du bois du chauffage sur la qualité de l'air, il est nécessaire d'éviter le chauffage au bois d'agrément, qui implique généralement des appareils anciens et foyers ouverts, et de remplacer le plus rapidement possible les appareils anciens.
En effet, selon une étude d’Airparif, le réseau de surveillance de la qualité de l’air en région parisienne, en 2015, le chauffage au bois domestique est responsable de près de 85 % des émissions de particules du secteur résidentiel, alors que ce combustible ne couvrait que 5 % des besoins d’énergie pour le chauffage des logements. Toujours selon cette étude, en Île-de-France, le chauffage résidentiel au bois est responsable de 29 % des émissions primaires de PM10, 45 % de PM2.5, 44% des émissions d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), 13% des émissions de dioxine et 11% des émissions d'oxyde d'azote (Nox), qui sont des composés particulièrement nocifs pour la santé.** Ce sont surtout les foyers ouverts et les foyers fermés anciens (datant d’avant 2002) qui contribuent à ces émissions (à 75%).
Les paramètres impactant les émissions de particules dépendent de la qualité de combustion. Dans les foyers individuels, ces paramètres sont nombreux : la qualité du bois (humidité...), la dimension, le type et de l’âge de l’installation, les pratiques individuelles (taux de remplissage, entretien, allumage par le haut…). Les conditions d’une combustion complète et correcte (maîtrise de la quantité d’air, fonctionnement, bois sec de qualité…) sont difficiles à réunir. Si elles ne sont pas remplies, la combustion entraîne la production de particules nocives.
Le Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) d’Île-de-France 2018-2025 définit pour l’ensemble de la région les objectifs et les actions de l’Etat permettant de ramener les concentrations d’oxydes d’azotes et de particules en dessous des valeurs limites de qualité de l’air. Il a fixé pour objectif en 2020 une baisse de 28 % des émissions de particules fines (PM10) dues au secteur résidentiel - dont le chauffage au bois - par rapport aux émissions de 2014.
Pour aller plus loin, voici une vidéo réalisée par le SER sur la qualité de l'air et le chauffage au bois :
* Selon l'enquête IPSOS réalisée pour la DRIEAT-IF "Les franciliens et le chauffage au bois", 2020
** Les particule fines dont il est question sont les PM2.5 et PM10, dont leur diamètre sont inférieurs respectivement à 2.5 et à 10 µm. À titre de comparaison, le diamètre moyen d'un cheveu humain est de 50 à 70 µm. Les particules fines peuvent causer des inflammations, du stress oxydatif et des allergies.
Les HAP sont les hydrocarbures aromatiques polycycliques qui sont des constituants naturels du charbon et du pétrole, ou qui proviennent de la combustion incomplète de matières organiques telles que les carburants, le bois, le tabac. Plusieurs HAP sont des cancérogènes avérés.
Fontainebleau - Crédit : Radu Razvan/stock.adobe.com
Stricte réglementation pour le chauffage collectif et industriel
Les constructeurs de chaufferies industrielles au bois ont beaucoup travaillé à l’amélioration de la conception des installations. Ils proposent aujourd’hui des technologies qui diminuent fortement les émissions de polluants dans l’atmosphère (meilleures conditions de combustion, mise en place de dispositif d’épuration des rejets gazeux, etc.).
En prenant en compte également que le chauffage au bois peut se substituer aux autres sources d'énergie fossile, plus émetteurs de carbone, il est donc intéressant pour l’environnement dans des installations de combustion (type chaufferie biomasse) pour un chauffage collectif. Ces installations disposent de systèmes de traitement des fumées (filtres à particules notamment), de systèmes de pilotage optimisant la combustion de la biomasse et sont régulièrement contrôlées. Les émissions de polluants sont ainsi limitées.
Ces installations sont également soumises à une réglementation environnementale stricte. A partir d'une puissance d'1 MW, elles sont soumises à la Réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Cette réglementation leur impose le respect de valeurs limites d’émissions, selon la taille de l’installation et du type de combustible. Au fil des années, les dispositions réglementaires se sont durcies avec, en particulier, un renforcement des limites d’émission concernant les NOx, le SO2 et les poussières.
Chauffage domestique bois en Île-de-France - Crédit : Volff/stock.adobe.com
Le secret d'un chauffage moins polluant : la qualité du bois et de l’équipement
Les consommateurs de bois de chauffage doivent être conscients de l'impact du brûlage de bois bûche, notamment en foyers ouverts (cheminées) et foyers fermés datant d'avant 2002 sur la qualité de l'air chez eux et à l'extérieur. Pour limiter l'émission de particules, l’utilisation de bois sec et ayant un label de qualité reconnu est à privilégier. Il a été montré que le passage de 40% à 100% de bois sec permet de diviser par 4 les émissions totales de particules (source : CERIC).
En effet, comparé à des systèmes modernes optimisant la combustion et le traitement des fumées, et fonctionnant aux granulés ou au bois déchiqueté, le bois bûche est très émissif en particules fines. Il est donc impératif que le consommateur s'assure qu'il brûle un combustible de qualité, présentant un faible taux d'humidité – via par exemple la certification Île-de-France Bois Bûche.
Il faut savoir aussi que chauffage d’agrément, c’est-à-dire la petite flambée pour le plaisir en hiver, avec un bois qui brûle lentement et dans des foyers ouverts, contribue fortement à la pollution de l'air causé par le chauffage au bois. Il est préférable de faire des flambée courtes et de forte intensité, avec du bois sec et de qualité.
Par ailleurs, remplacer son appareil de chauffage ancien (foyer ouvert, foyer fermé d'avant 2002) par un appareil performant (poêle, insert...) permet d'augmenter les rendements de son installation (jusqu'à 7 fois) et de diminuer les émissions particulaires. Les inserts les plus performants font l'objet du label Flamme verte et des professionnels sont labellisés Qualibois pour l'installation de ces appareils.
Il existe également des dispositifs incitatifs qui proposent des aides financières aux particuliers souhaitant renouveler leur équipement de chauffage au bois non performant.
L'utilisation du chauffage au bois individuel est réglementé en Île-de-France
En Île-de-France, l'utilisation du chauffage au bois par un particulier est réglementé. Un arrêté fixe des conditions d’utilisation du chauffage au bois selon les secteurs géographiques et interdit certaines utilisations. L'infographie disponible ici précise les règles d'utilisation.
En résumé, comment bien se chauffer ?
En résumé, il est possible de limiter son impact au niveau individuel sur la qualité de l’air en adoptant les comportements suivants :
- Entretenir régulièrement l’appareil de chauffage,
- Faire ramoner le conduit de cheminée pour éviter les surplus de consommation (1 à 2 fois par an obligatoirement, selon le Règlement Sanitaire Départemental),
- Posséder un appareil performant labellisé Flamme Verte et un conduit de fumée, dimensionnés en fonction des besoins du logement, et installés dans les règles de l’art par un professionnel qualifié RGE,
- Utiliser un combustible de qualité, préférablement du feuillu dur (chêne, charme, hêtre, frêne) qui possède un haut pouvoir calorifique, et surtout sec (taux d’humidité inférieur à 20%),
- Pratiquer la technique de l’allumage par le haut, ou allumage inversé dans le cas de la bûche.
Pour en savoir + :
- Le nouveau guide sur le chauffage au bois et la qualité de l'air, édité par Fibois Île-de-France
- L’impact du chauffage au bois sur la qualité de l’air, sur le site de la DRIEE
- La section "Pour les particuliers" de notre site internet qui présente les différents appareils de chauffage et labels et certifications